Ma petite entreprise...

Publié le 2 Février 2013

Ma petite entreprise...

Michel Rocard et Pierre Larrouturou dans leur dernier ouvrage plaident pour une réduction du temps de travail, associée à un rallongement de l’âge de la retraite à 65 ans.
Que cette idée soit bonne ou non n’est pas ici le propos (avec une retraite calculée sur les 25 dernières années, on en suppose cependant aisément les effets négatifs pour les pensions), le plus intéressant est de noter qu’elle s’oppose, en théorie, à ce que proposent nombre d'autres politiciens, à savoir la réduction directe du coût du travail, qu’ils considèrent comme trop cher en France.

Mais au final, bien que la manière de l'exprimer et que les solutions diffèrent, pour nos politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche, le constat est le même: nous sommes trop payés.

Sans même parler des néo-dictateurs de Goldman-Sachs (le jour où la guillotine redeviendra à la mode, il sera bon de l'étrenner sur quelques uns de ses dirigeants) qui viennent de déclarer qu'il fallait baisser les salaires des Français de 30%, il suffit de constater comment a fondu en 10 ans, le caddie of the famous ménagère de moins de 50 ans, pour imaginer qu'encore baisser les salaires, c'est mettre en péril tout le système.

Car, qu'il soit juste ou non, le modèle en place dans le monde est celui de la société de consommation. Les populations doivent consommer pour faire tourner la machine économique. Si les salaires baissent, la consommation diminue, et par conséquent le modèle s'écroule peu à peu.
Baisser les salaires, c'est scier la branche sur laquelle nous sommes assis.

En fait, L'erreur de nos politiques est de ne voir le problème industriel Français qu'à travers le cadre législatif du travail en France, ce qui met à jour leur incompétence flagrante en matière de développement industriel.
Incompétence principalement due au fait que la politique économique Française prévalant depuis une trentaine d'année, est celle qui leur a été soufflée à l'oreille par les dirigeants des grands groupes, notamment ceux du MEDEF, seuls «entrepreneurs» (si on peut les appeler ainsi) que nos politiques côtoient.

Politique économique qui peut se résumer très simplement:
"Favorisons et aidons les grands groupes, qui entraîneront dans leur sillage les PME et TPE".

Mais cette vision s'avère aujourd'hui extrêmement problématique, car le soucis primaire des grands groupes n'est pas de faire vivre le tissu économique Français, mais de remplir les poches de leurs actionnaires.

Vampires, vous avez dit-vampires...

Et tant que les actionnaires se comporteront comme des rapaces en réclamant chaque année 10% de rentabilité interdisant par là-même toute vision industrielle à moyen/long terme,

tant qu’il n’y aura à la tête de ces grands-groupes que de simples fonctionnaires techniciens de la finance, au garde à vous devant des courbes de rentabilité et en érection devant les plus-values qu’ils peuvent réaliser grâce à la revente de leurs stock-options,

tant que les conseils d’administration des grands groupes ne seront que des réunions consanguines d’une trentaine de personnes, toujours les mêmes, qui se partagent dans un jeu de chaises musicales, à tour de rôle les sièges des grandes entreprises et se distribuent mutuellement des rémunérations indécentes,

tant que les vrais entrepreneurs ne reprendront pas en main les rênes du monde industriel, nous serons confrontés à des délocalisations en chaîne, un chômage grandissant, et la précarité aura de beaux jours devant elle.
 

Malheureusement, vu comment notre cher ministre de l' "hospitalité industrielle", dont la bonne volonté n'a d'égale que la naïve maladresse, est bien vite rentré dans le rang, on peut douter que nos politiques ne changent un jour leur fusil d'épaule.

Ma petite entreprise...
Esprit d'entreprise es-tu là?

C'est le tissu industriel qui fait qu'un pays fonctionne et prospère, et qu'ont fait nos politiques depuis des années? Ils ont au contraire rajouté des freins à la création d'entreprise, et donc provoqué la déliquescence de ce tissu industriel.

En résulte un mal Français bien profond, mal qui se situe surtout dans les têtes: L'esprit d'entreprise n'existe plus en France.

Ou du moins il existe toujours, mais est mis en sourdine.

Il est mis en sourdine par la lourdeur administrative typique de notre pays, véritable cancer de la société Française qui en ronge lentement toutes les strates et bien souvent en provoque la paralysie.

Il faut à notre époque, pour se lancer dans la création d’entreprise, soit un optimisme confinant à l’aveuglement, soit des nerfs d’aciers et un goût du risque dépassant le raisonnable.

Et les exemples de freins à l'esprit d'entreprise sont nombreux.

Bon nombre de salariés en poste seraient tentés de créer à leur tour leur propre société. Il y a, dans les grosses sociétés, des salariés, experts dans leur domaine, qui ne demanderait qu'à se lancer et permettraient la création de nouveaux emplois et libéreraient par la même occasion des postes.

Mais les aides sont pour l'essentiel réservées aux chômeurs. Formation, conseils, assistance, stages, aides, tous ces programmes ne sont pas ( ou très difficilement ) ouverts aux salariés. A croire que tout est fait pour que les salariés, qui ont un savoir-faire qu'ils pourraient utiliser pour créer d'autres emplois, restent à leur place.

Si bien, que le passage obligé pour les quelques inconscients qui osent franchir le cap et créer ou racheter une entreprise, est de s'inscrire au chômage pendant un an ou deux et commencer en parallèle à travailler.

Et s'inscrire au Pôle Emploi alors que l'on a une place fixe demande une force psychologique dont peu peuvent se prévaloir.

La gestion au jour le jour d'une société répond aux mêmes maux, documents et justificatifs à renvoyer à l'administration sont une somme de travail qui vient se greffer directement sur le temps de travail du dirigeant et de ses collaborateurs, et qui au final représente une perte importante de productivité.

Sans parler des contraintes qui s'appliquent à tous les niveaux de l'entreprise ( normes de fabrication, de sécurité, de gestion du personnel …). Contraintes qui, si elles n'étaient pas imposées si exagérément et permettaient d'assurer une qualité des services rendus, seraient une bonne chose. Mais elles sont de plus en plus le fait de d'administrations complètement en décalage avec la réalité du terrain et par conséquent contre-productives.

Un autre frein bien souvent mésestimé dans le développement des PME, est le cap des 50 salariés qui, lorsqu'il est passé, oblige à la création d'un CE, et implique une lourdeur rebutant nombre de patrons d'entreprises. Si bien que la plupart préfèrent rester à 49 employés que de passer ce cap, inquiets de ne plus pouvoir maîtriser complètement leur entreprise.

Ces quelques exemples ( et il en existe beaucoup d'autres ) font qu'au final, nombreux sont les Français qui aimeraient se lancer dans la création d'entreprise mais n'osent pas, conscients des difficultés insurmontables qui les attendent. Ou dans le pire des cas, tentent l'aventure, mais à l'étranger.

Au lieu de rester, comme toujours, à la surface des choses, et chercher à modifier ce qui est en place ( dans le cas présent la législation du travail ), nos hommes politiques seraient inspirés de faire sauter les verrous qui empêchent la création d'entreprises, qui empêchent que nos TPE deviennent des PME, et que les PME ne se développent et créent des emplois qui feront que le chômage diminuera vraiment en France.

Rédigé par Gand Alf Le Mauve

Publié dans #politiques, #Goldman Sachs, #industrie, #economie

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